Analyse
du sujet :
-
« Peut-on (…) ? »
Ici,
il faudra interroger la possibilité
de ne pas être soi-même, et, si cela est possible, si cela est
légitime.
Définitions :
-
Etre soi-même :
-
Agir de manière consciente, en toute connaissance de cause : disposer librement de soi-même, donc, être responsable de ses actes.
-
Se montrer tel qu’on est, naturel, de manière franche, sans artifice, sans masque.
-
Etre bien soi-même, en tant qu'individu distinct de la masse, de la norme.
Donc :
-
Ne pas être soi-même :
-
Agir sous emprise
Exemple :
Sous l’emprise de l’alcool, ou sous l’effet d’une passion,
comme
la colère.
2)
Laisser agir son inconscient (lors du rêve par exemple).
3)
Se
dissimuler, ne pas montrer son vrai visage, jouer
un rôle.
Opinion
commune :
On
reste toujours la même personne : il y a une continuité
de notre personne dans le temps, ce qui nous confère une identité
juridique par exemple, une
responsabilité,
malgré le fait que nous soyons parfois dans un état second. On
reste toujours soi.
Contre
l'objection de l'inconscient : ce qui est refoulé en moi fait
tout de même partie de moi.
On
a besoin de ne pas se dissimuler en permanence : on ne peut pas
ne pas être soi-même, mais on a besoin, au contraire, d’être
soi-même, tel que l’on est, honnête, vrai.
Critique :
Pourtant,
il y a bien des moments où nous ne sommes pas tout à fait
nous-même, tout en restant soi, des moments où notre lucidité est
absente. Exemple : On peut perdre ses facultés mentales,
ne pas être en pleine possession de ses moyens.
Exemple :
Un fou qui commet un crime = non-lieu
Notre
inconscient s'exprime : notre Moi n'a pas toujours le pouvoir.
(Rêves, actes manqués, lapsus)
On
peut jouer un rôle en société : on joue toujours un rôle,
partout, avec tout le monde.
Problématique :
Ainsi,
la question est ici de savoir si ou bien
il n’est pas possible d’être une autre personne que soi,
ou bien s’il
est possible, par moments, de ne pas être pleinement soi-même,
c’est-à-dire d’être comme un autre.
En
effet, nous sommes tellement complexes que parler d’une unité de
notre personne n’est peut-être qu’une fiction : n’ai-je
pas, en moi, une certaine altérité ? Suis-je encore ce que je
me souviens avoir été ? Suis-je ce que je ne veux pas voir de
moi ?
I
/ L’impossibilité de ne pas être soi-même : la permanence
de la personne.
On
reste toujours la même personne, même si nous sommes parfois dans
un état second : c'est le fondement de l'identité juridique du
sujet moral, de la responsabilité.
-
Le sentiment d’exister :
On
a le sentiment de toujours rester le même, le sentiment qu'il y a
bien une certaine continuité de notre personne dans le temps, malgré
les évolutions : ces évolutions ne sont jamais des changements
radicaux.
Rousseau :
La conscience est un « instinct divin ».
Sartre (1905 - 1980) :
Nous sommes présents à nous-mêmes, de manière immédiate,
irréfléchie : nous existons avant d'être quelque chose, une
nature, un esprit.
« L’être
de la conscience en tant que
conscience c’est d’exister
(…) comme présence à soi et cette distance nulle que
l’être porte dans son être c’est le néant. »
Sartre,
L’Etre
et le Néant,
1943
-
De la conscience irréfléchie à la conscience réfléchie :
Ainsi,
on sent sa conscience de manière irréfléchie : maintenant,
passons à la conscience réfléchie. Quelle est-elle ? Comment
pourrions-nous définir la conscience que nous sentons être ?
-
L’âme immatérielle :
Mon
identité spirituelle subsiste malgré les changements de mon corps
(fait de grandir, accidents, …).
« Je
suis plus mon corps que mes vêtements et je suis plus mon âme
que mon corps. »
Platon,
Alcibiade
« L’âme
est comme un pilote dans un navire. »
Platon
Descartes
[1596 – 1650] va chercher à prouver l'immatérialité de
notre conscience, de notre âme :
Texte
de Descartes :
« Je
suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je
me persuade que rien n’a jamais été de tout ce que ma mémoire
remplie de mensonges me représente ; je pense n’avoir aucun
sens ; je crois que le corps, la figure, l’étendue, le
mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit.
Qu’est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? Peut-être
rien autre chose, sinon qu’il n’y a rien au monde de certain.
Mais
que sais-je s’il n’y a point quelque autre chose différente de
celles que je viens de juger incertaines, de laquelle on ne puisse
avoir le moindre doute ? N’y a-t-il point quelque Dieu, ou
quelque autre puissance, qui me met en l’esprit ces pensées ?
Cela n’est pas nécessaire ; car peut-être que je suis
capable de les produire de moi-même. Moi donc à tout le moins ne
suis-je pas quelque chose ? Mais j’ai déjà nié que j’eusse
aucun sens ni aucun corps. J’hésite néanmoins, car que
s’ensuit-il de là ? Suis-je tellement dépendant du corps et
des sens, que je ne puisse être sans eux ? Mais je me suis
persuadé qu’il n’y avait rien du tout dans le monde, qu’il n’y
avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits, ni aucuns corps ;
ne me suis-je donc pas aussi persuadé que je n’étais point ?
Non certes, j’étais sans doute, si je me suis persuadé, ou
seulement si j’ai pensé quelque chose. Mais il y a un je ne sais
quel trompeur – très puissant et très rusé, qui emploie toute
son industrie à me tromper toujours. Il n’y a donc point de doute
que je suis, s’il me trompe ; et qu’il me trompe tant qu’il
voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je
penserai être quelque chose. De sorte qu’après
y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses,
enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette
proposition : Je
suis, j’existe,
est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que
je la conçois en mon esprit. »
Descartes,
Méditations
métaphysiques,
1641, II
-
La communication de l'âme et du corps :
Descartes:
Les « Esprits Animaux » semblables aux hormones.
Malebranche
[1638 – 1715] :
Les « miracles perpétuels ».
Leibniz
[1646 – 1716] :
L' « harmonie préétablie » par Dieu, le « Grand
Architecte ».
II
/ Pourtant, il est possible, par moments, de ne pas être soi-même :
Bergson :
Notre identité est variable en fonction du temps, de notre histoire
personnelle.
Texte
de Bergson :
« Qui
dit esprit dit, avant tout, conscience. Mais, qu’est-ce que la
conscience ? Vous pensez bien que je ne vais pas définir une
chose aussi concrète, aussi constamment présente à l’expérience
de chacun de nous. Mais sans donner de la conscience une définition
qui serait moins claire qu’elle, je puis la caractériser par son
trait le plus apparent : conscience signifie d’abord mémoire.
La mémoire peut manquer d’ampleur ; elle peut n’embrasser
qu’une faible partie du passé ; elle ne peut retenir que ce
qui vient d’arriver ; mais la mémoire est là, ou bien alors
la conscience n’y est pas. Une conscience qui ne conserverait rien
de son passé, qui s’oublierait sans cesse elle-même, périrait et
renaîtrait à chaque instant : comment définir autrement
l’inconscience ? […] Toute conscience est donc mémoire, -
conservation et accumulation du passé dans le présent.
Mais
toute conscience est anticipation de l’avenir. Considérez la
direction de votre esprit à n’importe quel moment : vous
trouverez qu’il s’occupe de ce qui est, mais en vue surtout de ce
qui va être. L’attention est une attente, et il n’y a pas de
conscience sans une certaine attention à la vie. L’avenir est là ;
il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui : cette traction
ininterrompue, qui nous fait avancer sur la route du temps, est cause
aussi que nous agissons continuellement. Toute action est un
empiétement sur l’avenir.
Retenir
ce qui n’est déjà plus, anticiper sur ce qui n’est pas encore,
voilà donc la première fonction de la conscience. Il n’y aurait
pas pour elle de présent, si le présent se réduisait à l’instant
mathématique. Cet instant n’est que la limite, purement théorique,
qui sépare le passé de l’avenir ; il peut à la rigueur être
conçu, il n’est jamais perçu ; quand nous croyons le
surprendre, il est déjà loin de nous. Ce que nous percevons en
fait, c’est une certaine épaisseur de durée qui se compose de
deux parties : notre passé immédiat et notre avenir imminent.
Sur ce passé nous sommes appuyés, sur cet avenir nous sommes
penchés ; s’appuyer et se pencher ainsi est le propre d’un
être conscient. Disons donc, si vous voulez, que la conscience est
un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté
entre le passé et l’avenir. Mais à quoi sert ce pont, et
qu’est-ce que la conscience est appelée à faire ?
[…]
si, comme nous le disons, la conscience retient le passé et anticipe
l’avenir, c’est précisément, sans doute, parce qu’elle est
appelée à effectuer un choix : pour choisir, il faut penser à
ce qu’on pourra faire et se remémorer les conséquences,
avantageuses ou nuisibles, de ce qu’on a déjà fait ; il faut
prévoir et il faut se souvenir. Mais d’autre part notre
conclusion, en se complétant, nous fournit une réponse plausible à
la question que nous venons de poser : tous les êtres vivants
sont-ils des êtres conscients, ou la conscience ne couvre-t-elle
qu’une partie du domaine de la vie ?
Si,
en effet, conscience signifie choix, et si le rôle de la conscience
est de se décider, il est douteux qu’on rencontre la conscience
dans des organismes qui ne se meuvent pas spontanément et qui n’ont
pas de décision à prendre. A vrai dire, il n’y a pas d’être
vivant qui paraisse tout à fait incapable de mouvement spontané.
Même dans le monde végétal, où l’organisme est généralement
fixé au sol, la faculté de se mouvoir est plutôt endormie
qu’absente : elle se réveille quand elle peut se rendre
utile. Je crois que tous les êtres vivants, plantes et animaux, la
possèdent en droit ; mais beaucoup d’entre eux y renoncent en
fait, - bien des animaux d’abord, surtout parmi ceux qui vivent en
parasites sur d’autres organismes et qui n’ont pas besoin de se
déplacer pour trouver leur nourriture, puis la plupart des
végétaux : ceux-ci ne sont-ils pas, comme on l’a dit,
parasites de la terre ? Il me paraît donc vraisemblable que la
conscience, originalement immanente à tout ce qui vit, s’endort là
où il n’y a plus de mouvement spontané, et s’exalte quand la
vie appuie vers l’activité libre. Chacun de nous a pu le vérifier
sur lui-même. Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être
spontanée pour devenir automatique ? La conscience s’en
retire. Dans l’apprentissage d’un exercice, par exemple, nous
commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous
exécutons, parce qu’il vient de nous, parce qu’il résulte d’une
décision et implique un choix ; puis, à mesure que ces
mouvements s’enchaînent plus mécaniquement les uns les autres,
nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience
que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d’autre part,
les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ?
Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons
entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre
avenir sera ce que nous l’aurons fait ? Les variations
d’intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à
la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez, de
création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à
croire qu’il en est ainsi de la conscience en général. Si
conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que conscience
est synonyme de choix. »
Bergson,
L’Energie
spirituelle, 1919,
« La conscience et la vie »
Sartre :
L'existentialisme : notre identité se définit en fonction de
nos choix, de nos engagements, et est par conséquent variable.
« Jamais
nous n’avons été plus libres que sous l’occupation allemande. »
Sartre,
La
République du silence,
1944
Notre
conscience n'est pas seulement variable : elle est aussi
complexe.
Freud :
La vie psychique : Le Moi, le Ca, et le Sur-Moi :
La « blessure narcissique ».
« Dans
le cours des siècles, la science a infligé à l’égoïsme naïf
de l’humanité deux graves démentis. La première fois, ce fut
lorsqu’elle a montré que la terre, loin d’être le centre de
l’univers, ne forme qu’une parcelle insignifiante du système
cosmique dont nous pouvons à peine nous représenter la grandeur.
Cette première démonstration se rattache pour nous au nom de
Copernic, bien que la science alexandrine ait déjà annoncé quelque
chose de semblable. Le second démenti fut infligé à l’humanité
par la recherche biologique, lorsqu’elle a réduit à rien les
prétentions de l’homme à une place privilégiée dans l’ordre
de la création, en établissant sa descendance du règne animal et
en montrant l’indestructibilité de sa nature animale. Cette
dernière révolution s’est accomplie de nos jours, à la suite des
travaux de CH. Darwin, de Wallace et de leurs prédécesseurs,
travaux qui ont provoqué la résistance la plus acharnée des
contemporains. Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie
humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de
montrer au moi qu’il n’est seulement par maître dans sa propre
maison, qu’il en est réduit à se contenter de renseignements
rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa
conscience, dans sa vie psychique. Les psychanalystes ne sont ni les
premiers ni les seuls qui aient lancé cet appel à la modestie et au
recueillement, mais c’est à eux que semble échoir la mission
d’étendre cette manière de voir avec le plus d’ardeur et de
produire à son appui des matériaux empruntés à l’expérience et
accessible à tous. D’où la levée générale de boucliers contre
notre science, l’oubli de toutes les règles de politesse
académique, le déchaînement d’une opposition qui secoue toutes
les entraves d’une logique impartiale. »
Freud,
Introduction à la
psychanalyse, 1916,
II, Chapitre XVIII
Le
Moi n'est pas central en notre esprit : notre attention est
défaillante.
Texte
de Leibniz :
« il
y a mille marques qui font juger qu’il y a à tout moment une
infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans
réflexion, c’est-à-dire des changements dans l’âme même dont
nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont ou trop
petites et en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu’elles
n’ont rien d’assez distinguant à part, mais jointes à d’autres,
elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au
moins confusément dans l’assemblage. C’est ainsi que
l’accoutumance fait que nous ne prenons pas garde au mouvement d’un
moulin ou à une chute d’eau, quand nous avons habité tout auprès
depuis quelque temps. Ce n’est pas que ce mouvement ne frappe
toujours nos organes, et qu’il ne se passe encore quelque chose
dans l’âme qui y réponde, à cause de l’harmonie de l’âme et
du corps, mais ces impressions qui sont dans l’âme et dans le
corps, destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez
fortes pour s’attirer notre attention et notre mémoire, attachées
à des objets plus occupants. Car toute attention demande de la
mémoire, et souvent quand nous ne sommes point admonestés pour
ainsi dire et avertis de prendre garde à quelques-unes de nos
propres perceptions présentes, nous les laissons passer sans
réflexion et même dans être remarquées ; mais si quelqu’un
nous en avertit incontinent après et nous fait remarquer par exemple
quelque bruit qu’on vient d’entendre, nous nous en souvenons et
nous nous apercevons d’en avoir eu tantôt quelque sentiment. Ainsi
c’étaient des perceptions dont nous ne nous étions pas aperçus
incontinent, l’aperception ne venant dans ce cas que de
l’avertissement après quelque intervalle, tout petit qu’il soit.
Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne
saurions distinguer dans la foule, j’ai coutume de me servir de
l’exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé
quand on est au rivage. Pour entendre ce bruit comme l’ont fait, il
faut bien qu’on entende les parties qui composent ce tout,
c’est-à-dire les bruits de chaque vague, quoique chacun de ces
petits bruits ne se fasse connaître que dans l’assemblage confus
de tous les autres ensemble, c’est-à-dire dans ce mugissement
même, et ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était
seule. »
Leibniz,
Nouveaux essais sur
l’entendement humain,
Préface
Problème
de l'attention : voir le reportage « Les automatismes
du cerveau » :
Problème
du matérialisme concernant la conscience : le cas Phineas Gage :
III
/ Faut-il ne pas être soi-même ?
Contre
le pouvoir de l'inconscient :
« La
plus grave de ces erreurs est de croire que l’inconscient est un
autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses
ruses ; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. Contre
quoi il faut comprendre qu’il n’y a point de pensées en nous
sinon par l’unique sujet, Je ; cette
remarque est d’ordre moral. »
Alain,
Eléments de
philosophie, 1941, II,
Chapitre XVI, Note 146
Se
dissimuler en société, ou s'affirmer avec honnêteté ?
Conclusion :
Ainsi,
afin de répondre à la question, nous sommes en mesure de dire qu’il
n’est pas possible de ne pas être soi, considéré en tant que
sujet unique, mais que, dans certaines situations, il apparaît comme
étant possible de ne pas être pleinement soi-même. En effet, tout
en restant soi, nous pouvons parfois être inconscients de ce que
nous pensons, disons, faisons. En un autre sens, nous pouvons ne pas
être nous-mêmes en jouant un rôle, en nous dissimulant sous une
apparence factice.
Il
nous restait alors à savoir si le fait de n’être pas nous-mêmes,
pris en ces deux sens, était légitime ou non. Il nous est apparu
que, moralement, il fallait tout mettre en œuvre pour ne pas
abdiquer face à l’inconscient, mais que nous pouvons parfois, au
nom de la morale, ne pas être nous-mêmes, en déguisant la vérité
pour faire preuve de tact.





c'est très cool
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